Comment décrire Paris au lendemain des raids normands de 845, 856, 858, 861, 869 et du siège de 885-887 [1] ? « Les quartiers extérieurs, sur les deux rives de la Seine, sont alors réduits à des ruines placées au milieu de quelques cultures et habitées sans doute sporadiquement par des gens qui pouvaient, si besoin était, se réfugier dans la Cité. » [2]
Un siècle plus tard, en l’an 1000, ces ruines commencent à peine d’être relevées. Sur la rive gauche, l’espace urbanisé à l’époque mérovingienne est peu à peu réoccupé de part et d’autre de l’axe nord-sud de la rue Saint-Jacques. Sur la rive droite, la ville amorce un développement en prenant appui sur les monceaux Saint-Gervais et Saint-Germain-l’Auxerrois (voir Saint-Gervais et Saint-Germain-l’Auxerrois 1000-1300).
Ce développement se poursuivra tout au long des XIe et surtout XIIe et XIIIe siècles, période d’expansion démographique et de renaissance urbaine dans toute l’Europe.

Jean Fouquet, Grandes chroniques de France, XVe siècle.
Au terme de cette période, en l’année 1300, les transformations de la ville sont spectaculaires. Sur la rive droite, elle occupe désormais une bonne part de l’espace qui se déploie, en face des îles, entre la Seine et la zone de marais. Le déploiement s’est fait à partir des grands axes est-ouest – rue Saint-Honoré, rue Saint-Antoine – et nord-sud – rue Saint-Martin, rue Saint-Denis, déjà en place à l’époque romaine. Mais d’autres lignes de croissance sont apparues : vers le nord-est, les rues du Temple et Vieille-du-Temple tournées vers l’Enclos où les Templiers se sont installés vers 1240 (voir Saint-Martin-des-Champs et le Temple 1000-1300) ; vers le nord-ouest, les rues Montmartre et Poissonnière, qui alimentent les halles en Champeaux (voir Les Champeaux 1000-1300). Entre ces lignes de croissance, le tissu urbain se densifie peu à peu.
Sur la rive gauche, la croissance est plus modeste, mais elle suit le même modèle. Le déploiement se fait le long des trois grandes voies qui convergent vers le Petit-Pont : la route d’Orléans (voir Au pied de la Montagne Sainte-Geneviève 1000-1300) ; la route de Dreux, où s’étend le faubourg de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés (voir Saint-Germain-des-Prés 1000-1300) ; et la route de Sens, où le tissu urbain rejoint le bourg de Saint-Marcel (voir Saint-Marcel 1000-1300). S’y ajoute la voie qui mène à l’abbaye de Saint-Victor, fondée en 1113 par Louis VI [3].
La croissance est telle – Paris compte peut-être, en 1300, 200 000 habitants sur un espace urbanisé de quelque 600 ha [4] – que l’enceinte de Philippe-Auguste, construite un siècle plus tôt, entre 1190 et 1215, est débordée de toutes parts.
CARTES
Michel Huard, Atlas historique de Paris :
BIBLIOGRAPHIE
BOUSSARD Jacques, Nouvelle histoire de Paris : De la fin du siège de 885-886 à la mort de Philippe Auguste, Paris, Association pour une histoire de la ville de Paris, Hachette, 2e éd. 1996, 457 p.
FIERRO Albert, Histoire et dictionnaire de Paris, Paris, Robert Laffont, 1996, 1220 p.
LAVEDAN Pierre, Nouvelle Histoire de Paris : Histoire de l’urbanisme à Paris, Paris, Association pour la publication d’une Histoire de Paris, 1993, 732 p. (avec un supplément de Jean Bastié) [1ere édition 1975]
ROULEAU Bernard, Paris. Histoire d’un espace, Paris, Editions du Seuil, 1997, 492 p.
NOTES
[1] FIERRO 1996, p. 18
[2] BOUSSARD 1997, p. 23
[3] LAVEDAN 1993, p. 91
[4] ROULEAU 1997, p. 112
ILLUSTRATION
Bibliothèque Nationale de France via Wikimedia Commons.
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